Principes de l'animation participative

De Niska/Accolades

L'équipe d'Accolades a théorisé l'animation participative en 7 principes fondateurs qui guident l'animateur/trice tant dans son approche que dans sa posture.

En résumé

Nous vous invitons à explorer chaque principe pour mieux saisir les nuances d'une posture et d'une approche souvent complexes. Néanmoins, afin de rendre plus intelligibles ces principes, en voici un résumé.

Relier l’individuel au collectif

L’animation participative a pour objectif de permettre l'action collective en accompagnant les membres d’un groupe dans le passage d’une multitude de « je » individuels à un « nous » collectif. En créant des liens entre les participant.es, elle permet de passer d'un collectif d'acteurs à un acteur collectif.

Le passage de l’individuel au collectif s’articule autour de trois dimensions :

●      L’engagement de chacun

●      Le dépassement des hiérarchies, formelles comme informelles

●      La conscience que ce passage du « je » au « nous » doit être réfléchi et vécu avant, pendant et après l’animation


L’animation participative met en œuvre des méthodes et des outils permettant de libérer l’intelligence collective d’un groupe.


Le processus d’animation doit permettre aux individus d’être accueillis dans leur état du moment et d’intégrer le groupe de manière délibérée. Pour ce faire, l’animateur.trice proposera une inclusion au début d’une séance de travail, puis une déclusion à la fin.

Accepter la complexité et faire preuve de nuance

L’animateur.trice fait preuve de nuance et accepte la complexité des enjeux et des situations pour conduire le groupe à l’accepter lui-même. La réalité des écosystèmes humains étant complexe et nuancée, il est essentiel de permettre au groupe de prendre des décisions éclairées qui prennent en compte cette réalité en évitant de la simplifier.

Prendre conscience de ses angles morts pour mieux en sortir. Cette prise de conscience n’est possible que collectivement, par le croisement de différentes perspectives et points de vue menant à l’émergence de l’intelligence collective (voir le principe « Relier l’individuel au collectif »).

« Relier, relier, relier » - Edgar Morin

Minimalisme de l’animation : plus une situation ou un écosystème est complexe, plus les processus et outils qui permettent de l’appréhender devraient être accessibles.

La question, l’outil principal

L’animation participative n’est pas une succession d’outils et de méthodes cherchant à rendre les rencontres plus ludiques. Ses finalités sont la conscientisation, l’émancipation et le développement du pouvoir d’agir des groupes.

Le rôle de l’animateur.trice n’est donc pas de sélectionner le ou les bons outils pour chaque tâche.

Plutôt, le principal levier de l’animateur.trice est la formulation de questions simples, mais puissantes, qui formeront le fil conducteur du processus et de la maïeutique. De question en question, le groupe fera émerger une réponse qui lui est propre.

Une bonne question « ouvre » les possibles et les esprits. Elle permet le travail de reliance (voir le principe « Accepter la complexité et faire preuve de nuance »).

Derrière ce principe est sous-tendue une idée de minimalisme, de replacer le processus conscientisant au centre de notre pratique d’animation. Ce ne sont pas les outils qui feront le succès d’une animation, mais bien l’intention qui lui est insufflée ainsi que la posture authentique et claire du groupe comme de l’animateur.trice.

Le groupe s’approprie, négocie et s’émancipe du cadre

Dans toute animation, il existe un ou plusieurs « cadres » à l’intérieur duquel le groupe et l’animateur.trice travailleront dans le but d’arriver à une production. Ce cadre existe à différents niveaux et peut être explicite, comme implicite. On distingue :

  • Cadre de l’animation = l’ensemble des règles et des valeurs déposées par l’animateur.trice et le groupe. L’animation participative, avec ses principes, fait elle-même partie du cadre.
  • Cadre institutionnel = un ensemble d’éléments de contexte et de culture propres à un groupe (pratiques usuelles, relations de pouvoir, habitudes, environnement de travail et culture organisationnelle.)
  • Cadre de référence = un ensemble de définitions, de concepts et d’idéologies que porte le groupe et les individus qui le composent.
  • Cadre temporel = prendre en considération à quel moment de son histoire le groupe se situe, quand et comment il peut agir

En animation participative, le groupe et les individus qui le composent ont la possibilité de s’émanciper de ces cadres :  permettre au groupe de prendre du recul et de questionner ses modèles mentaux, ses attentes et ses conceptions en toute liberté. C’est le cadre qui doit évoluer en fonction des besoins et désirs du groupe.

Pour que le groupe puisse s’affranchir du cadre, trois conditions sont nécessaires :

  • Il sera informé et connaîtra le cadre explicite.
  • Il prendra conscience du cadre implicite.
  • Il aura l’opportunité de questionner et confronter le cadre afin de proposer un nouveau cadre négocié.

L’adaptation : une compétence au cœur de l’animation participative

L’adaptation est nécessaire, non seulement pour assurer que le processus permette l’atteinte des objectifs dans les intentions et le cadre négocié, mais également dans une optique d’authenticité et de sincérité de la part de l’animateur.trice.

Adapter son approche et le processus au groupe et au contexte de son animation : « posture adaptative » de l’animateur.trice.

Le principal savoir-être nécessaire à l’adaptation est l’écoute. L’animateur.trice est en position sensible, empathique et en observation du groupe.

Ne pas se méprendre entre une intuition et une projection de ses propres idées/conceptions sur le groupe.

Privilégier le vécu sur le prévu : apprivoiser son égo, lâcher-prise, faire le deuil d’un processus bien préparé

Les limites de l’adaptation : trop s’adapter peut mener à l’impuissance, à la perte d’intégrité, au non-respect des valeurs communes, d’une éthique, des intentions et des règles du groupe. Les autres principes de l’animation participative doivent en permanence guider les actions et être respectés.

Accompagner le groupe dans toutes les phases de son processus avec bienveillance, incluant celles pouvant être plus chaotiques : la disruption est un passage souvent nécessaire à une résolution innovante ou cathartique (une libération des émotions négatives)

Le groupe est capable d’une œuvre collective et porte la réponse

L’animateur.trice permet au groupe de produire son propre contenu, ses propres réponses aux questions.

L’animateur.trice est porté.e par une conviction sincère que le groupe porte sa réponse et qu’il est capable de construire un contenu. Son apport doit être empreint d’une grande humilité.

En ce sens, son rôle et sa responsabilité sont centrés autour du processus :

L’animateur.trice retient son désir d’influence lors de la production des groupes. Si il ou elle doit exercer du conseil, ce sera toujours après le temps de production, dans le but d’ouvrir le champ des possibles et toujours en s’arrimant à la production du groupe.

L’animateur.trice porte également l’exigence que la production soit une œuvre collective. Il/elle fait preuve de vigilance afin de s’assurer que les contenus produits soient portés par toutes et tous.

L’animateur.trice doit tenir compte du contexte dans lequel il/elle intervient. La réponse que produira le groupe doit être alignée à la réalité dans lequel il évolue, au risque de ne jamais pouvoir se concrétiser.

L’animateur.trice est un expert de processus, mais ne se positionnera pas comme expert du contenu, laissant cette prérogative au groupe.

La confiance en soi, avec le groupe et au sein du groupe

Le processus conscientisant repose sur la capacité de l’animateur.trice à faire confiance au groupe, à lui/elle-même et à sa posture. Cette confiance est également le socle de la coopération entre les individus et les groupes.

Le groupe devra faire confiance à l’animateur ainsi qu’en lui-même, tant dans sa capacité à livrer des résultats, mais aussi en sa propre légitimité à le faire.

Ce climat de confiance se construit et n’est jamais acquis. L’animateur.trice doit le nourrir et l’entretenir continuellement via son authenticité, son honnêteté et sa sincérité..

En quelque sorte, l’animateur.trice doit être rigoureusement et délibérément confiant et, cela, sur plusieurs plans :

  • exercer une présomption de bienveillance envers les participant.es
  • faire preuve d’indulgence envers lui/elle-même.
  • faire confiance en son intuition et son empathie
  • apprendre à gérer ses propres peurs : peur du jugement du groupe, peur du vide (le silence est souvent fécond!), peur du doute, peur de l’adaptation, de perdre le contrôle, etc. pour être en mesure de rassurer le groupe sur sa capacité et sa légitimité à produire, à avancer.