Réseau
Le réseau est un espace, un lieu qui vise à mettre en lien des acteurs d’un territoire. Dans ce réseau circule de l’information qui doit bénéficier à chacun des acteurs reliés ainsi qu’à l’action collective. Le travail en réseau désigne des pratiques ou des professionnels qui œuvrent ensemble ou qui s’unissent pour agir ensemble.
Etymologie : du mot latin « rétis » = filet qui donne résille, fil qui tisse
C’est une notion de connexion, de coopération :
- sur une base d’intérêts communs autour d’un problème, d’une situation,
- sur une base d’échanges volontaires entre ses membres,
- qui proviennent de secteurs et de champs différents et complémentaires pour le sujet traité,
- avec une organisation souple et égalitaire, sans hiérarchie, avec l’idée de professionnels autonomes,
- et qui trouve sa raison d’être dans la possibilité de réponse qu’il propose comme dans sa pertinence au regard du problème posé.
C’est la sphère informelle des acteurs d’un système.
Dans l’idée de réseau il y a l’idée de flux, de passage d’information ou de relation interpersonnelle. Un réseau est par définition une entité aux contours flous.
Un peu de littérature
Selon Anne Versailles, chercheuse belge sur l’intelligence collective, l’idée de flux est l’idée maîtresse des réseaux. Ceux-ci n’existent en effet que pour et à cause de flux (ex : flux nerveux, ferroviaires, d’informations, ...). Un réseau n’a donc pas de valeur par lui-même, ni en tant que somme de ses éléments : sa valeur n’émerge que de l’interaction entre les nœuds ou points qui le constitue.
Ainsi, Anne Versailles nous dit : « favoriser les interactions entre les personnes devient donc un enjeu pour l’animation du réseau ».
C’est la forme d’organisation collective qui parait aujourd'hui la plus adaptée afin de partager au mieux la connaissance. Cette dernière replace l’humain au centre des préoccupations. L’intelligence collective pyramidale laisse sa place à l’intelligence collective horizontale, informelle et peu instituée. Le travail en réseau modifie la relation à l’économie, au pouvoir, au management et à l’échange. Il permet de mieux faire face à la complexité actuelle des enjeux.
Le réseau ne peut pas être une injonction. Le réseau n’est pas nouveau mais il sort de la clandestinité pour devenir un mode formel d’organisation revendiqué publiquement. C’est une réponse à une forme de représentativité politique, une évolution des formes d’engagement, la recherche d’une efficacité organisationnelle pour plus de souplesse, de créativité et d’innovation sociale.
Du point de vue de Christophe Bartholomé, sociologue, Il identifie 3 formes de réseaux qui sont intimement associées à 3 pratiques de réseau distinctes, concernant des finalités et des acteurs de nature différente :
- Le premier vise à « Tisser du lien » formule par laquelle de nombreux professionnels du social désignent le travail sur le lien social qu’ils entreprennent auprès de la personne qu’ils aident. Les professionnels du social en collaboration avec les personnes aidées, s’affairent à construire des liens, des interactions avec une série d’acteurs de nature et de statut différent. On peut également considérer que retisser du lien autour de la personne peut poursuivre plusieurs finalités distinctes : une finalité de socialisation de la personne et une finalité visant la création d’une dynamique de solidarité.
- Le deuxième est une forme de réseau plus formalisée, constituée pour l’essentiel des professionnels de services et d’institutions identifiés comme intervenant régulièrement auprès de la personne. Ce réseau recouvre des formes de partenariat, de co-intervention, de collaboration ou de coordination avec un niveau de formalisation plus ou moins développé. Le réseau renvoie à des modes de collaboration basés sur des relations horizontales, informelles et peu instituées. Les professionnels du social témoignent souvent de la nécessité de « travailler en réseau », c’est-à-dire de rompre avec une approche segmentée, cloisonnée et spécialisée des institutions et des services. Travailler en réseau et créer des synergies permettent de redonner une souplesse dans l’action sociale. Travailler en réseau renvoie donc à la flexibilité et à l’adaptation à la situation et à la personne. Il est souvent proposé comme une réponse à des difficultés rencontrées au travers de l’action sociale.
- Le troisième est le réseau du professionnel, celui qu’il active en fonction des besoins liés au projet, questions et problématiques qu’il rencontre. Il permet souvent d’assouplir des rigidités de fonctionnements et d’éviter certaines lenteurs. C’est un ensemble de relations interpersonnelles que tout acteur d’un système met en place afin de faciliter son travail.
En bref
Il faut une distinction claire entre un travail en réseau entrepris par l’organisation et le travail en réseau entrepris de manière personnelle et informelle par le professionnel auquel cas, les oppositions et les désaccords seront davantage vécus comme des trahisons et des affrontements personnels.