Aller vers

De Niska/Accolades

L’aller vers est une forme d’intervention dans l’espace public. Son but ultime est la transformation d’un espace de circulation, vers un espace de rencontre et d'émancipation.

C'est une mise en mouvement, une démarche plus qu’une méthode, un souhait de rencontre plus que d’animer.

C'est quoi ?

C’est sortir de la structure pour aller vers l'inconnu et accepter une part d'inconnu.

C’est un changement de pratique professionnelle en passant d’une posture de proposition à une posture émergente, non prescriptive. L’animateur ne propose plus, il fait avec ce qui émerge devant lui.

« Travailler dans l’espace public requiert d’investir des territoires partagés avec des habitants et des passants, dans le but d’entrer en relation avec eux, au cours de leurs déplacements ou pendant qu’ils usent par eux-mêmes de ces espaces publics. On peut également envisager d’entrer en contact sans prendre appui sur ces activités spontanées, en suscitant la participation par notre présence dans l’espace public, au point que les gens sortent de chez eux expressément du fait de notre présence. Dans tous les cas, il sera nécessaire d’enquêter sur la configuration des espaces, leurs usages à différents moments de la semaine. » [1]

Pour quoi faire ?

La finalité se rapproche de celle de l’animation participative :  favoriser l'émergence de la prise de conscience afin de développer la capacité d’agir de chacun, à travers un processus d'animation participative hors-les-murs.

Les objectifs sont multiples :

  • Pour créer du débat politique sur des objets et des questions de société ; dans l’espace public
  • Pour impulser des initiatives d'habitants.
  • Développer le pouvoir d'agir : co-construire et mettre en œuvre un projet qui répond aux besoins du territoire et des habitants[2].
  • Pour ne pas faire venir les habitants dans la structure à tout prix mais intervenir/sortir de sa structure et déployer sa mission et ses fonctions sur l’ensemble de son territoire d’intervention
  • Faire connaitre ses missions au-delà de  l’image « social » et « centre aéré »[3]
  • L’aller vers permet de faire vivre la fonction accueil[3] sur l’ensemble du territoire
  • Aller à la rencontre et offrir la possibilité de rencontre et de dialogue avec un public qui ne fréquente pas la structure : public non connu, qui a une image erronée des structures, invisible. (ex : lutter contre l’homogénéité des public du centre social)
  • Il s’agit de nouer des relations et des alliances avec une partie de la population qui n’est pas en demande, qui peut offrir des ressources nouvelles et de la diversité
  • Pour apprendre sur soi
  • Pour faire évoluer sa pratique professionnelle et faire évoluer les projets.
  • Pour apprendre sur son milieu, son territoire, avoir une connaissance plus fine que celle du diagnostic et actualisé avant le renouvellement d'un projet.

Les conditions gagnantes

Posture

  • La posture d’aller vers est une posture d’accueil
  • S'oublier et se mettre en second plan pour mettre les préoccupations de l'autre en premier
  • Sortir de nos représentations
  • Être à l'écoute et observateur – ne pas chercher à répondre - Je parle peu et j'écoute beaucoup
  • Créer un espace de libre expression
  • Accepter que l'issue de la rencontre n'aille pas forcément là où on voulait aller = privilégier le vécu sur le prévu
  • Accepter de se laisser surprendre et de ne pas avoir de plan
  • Être « disponible à ce qui se passe, à ce qui se joue, à ce qui se dit, à ce qui s’engage dans un espace public », pour pouvoir y trouver une place et y déceler des opportunités

Éléments facilitants

  • Avoir un objet prétexte
  • Laisser venir : «  Le fait de ne rien demander et de ne pas attendre, permet d’être cohérent avec la liberté de l’espace public, espace dans lequel l’habitant comme le passant « gardent la main » et déterminent son niveau d’engagement dans la relation En ce sens, le fait de travailler dans des espaces publics permet d’abaisser « le coût de  l’engagement »  relationnel (par comparaison avec le fait de se déplacer à l’intérieur de l’institution) »
  • Créer la curiosité, créer l’événement : incite à venir sans le demander
  • S'inscrire dans la durée et dans la récurrence afin de s'apprivoiser et de créer la familiarité
  • Aller chercher les gens chez eux lors d’une animation « pied d’immeuble » pour les inviter à « passer »
  • Une mixité d’outils pour une variété de « zones de contact » avec des niveaux d’engagement relationnel variés et qui touchent différents publics
  • Simplifier la logistique
  • Avoir un ou des alliés sur le territoire, des personnes ressources – oser la relation plus pousser avec ces personnes
  • S’appuyer sur ce qui existait déjà sans nous (activités spontanées d’habitants) et venir le renforcer, le soutenir, le customiser si on y est autorisé (nécessite du tact pour ne pas être intrusif)
Exemple d’amélioration/ de customisation de l’existant qui permet de rentrer en relation :  le fait de proposer de quoi se rafraichir ou se réchauffer, le fait de faciliter les échanges entre les gens, de laisser à disposition toutes les informations sur les activités extrascolaires, améliorer le mobilier des lieux de squat des jeunes, proposer du matériel et un tournoi au city stade.

Différence notable avec le «hors les murs»

Le "hors les murs" est le fait de déplacer une partie des activités traditionnelles d'une organisation à l’extérieur, dans l'espace public.

Cela peut être une porte d’entrée à l’aller vers, un outil, un moyen de l’aller vers, mais attention a ne pas s’y enfermer et ne pas perdre la finalité de la démarche, au risque de confirmer à l’extérieur l’image erronée que l'on peut transmettre.

Notes

  1. sanstransition.org
  2. Yann Lebossé
  3. 3,0 et 3,1 Spécificité de structures comme les centres sociaux en France